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Qui pourra sauver les associations d’aide à domicile du Nord ?

Qui pourra sauver les associations d’aide à domicile du Nord ?

La Voix du Nord du 16 avril 2014

Trois fédérations d’aide à domicile du Nord tirent la sonnette d’alarme. Regroupées sous la bannière du collectif des Inséparables, elles annoncent leur disparition pure et simple dans les deux ans si les tarifs qui leur sont imposés continuent à ne pas couvrir leurs coûts. Une situation loin d’être anodine : les Inséparables accompagnent près de 45 000 personnes dépendantes du département et emploient 8 000 salariés.

« Ça commençait à devenir fatigant. » Denise, cette habitante de Faches-Thumesnil dans la banlieue lilloise, a tout de la grand-mère pimpante. Il y a un an encore, elle se chargeait elle-même de son ménage. Mais à 92 ans, l’âge a ses raisons que la raison ignore. Et le petit coup de serpillière dans les coins tient désormais davantage de l’exploit sportif que de la simple corvée. Depuis un an donc, Sandrine Delecroix a fait son apparition dans le paysage de Denise. Deux heures par semaine seulement. L’habitante des lieux parvenant tout à fait à cuisiner et à faire ses courses.

Entre les deux femmes, une jolie complicité est née. Bien au-delà du ménage. Denise en témoigne : « On s’habitue à la solitude. Je n’ai qu’une fille et mes petits-enfants vivent loin. Sandrine m’apporte déjà le plaisir de la voir. Elle est généreuse, toujours de bonne humeur. Même si elle a ses petits soucis personnels, on ne le voit pas. » Quant à la perspective de la maison de retraite, Denise la redoute. Elle le confie avec humour : « Je n’ai pas du tout envie d’aller en maison de retraite. Je suis très bien chez moi, j’ai le chauffage central, j’ai tout ce qu’il faut. » Sandrine confirme à son tour l’étroitesse de la relation tissée entre elles : « Dès le premier jour et le premier contact, on voit tout de suite si les tempéraments sont compatibles. Là, il y a le lien qui passe. »

Sandrine ne se contente évidemment pas des deux heures de ménage chez Denise : « Je travaille 120 heures et il y a aussi les heures travaillées grâce aux chèques-emploi. Ça fait pas mal de personnes âgées. Entre 13 et 18 clients selon les mois. Parmi eux, il y a des personnes grabataires, des hémiplégies, des problèmes cardiaques, des maladies de Parkinson. Je m’occupe aussi d’un jeune handicapé. Je l’habille et je l’emmène à la fac. » Autant de personnes qui, sans l’aide de Denise, seraient contraintes de quitter leur domicile.

Une hypothèse qui, selon les fédérations d’aide à domicile du Nord, pourrait bien se vérifier dans un proche avenir. « Selon un audit du département du Nord, huit structures sur dix sont en déficit, assène Jean-Pierre Thooft, président de l’Union de l’aide, des soins et des services aux domiciles du Nord, aujourd’hui, ces associations mangent leurs fonds propres. À la fin de l’année précédente, on perdait 75 centimes de l’heure lors de nos interventions. D’ici deux ans, nous risquons de disparaître. » Anne-Marie Écrepont, présidente du READ, Regroupement des Employeurs de l’aide à domicile, enfonce le clou : « Nos associations dans le Nord, ce sont 8 000 salariés pour 45 000 personnes aidées. Pour ces personnes, il s’agit parfois de la seule visite dans la journée. En plus, ces emplois sont le plus souvent en CDI et ils sont non délocalisables. Notre secteur est non seulement en danger mais sacrifié, et je pèse mes mots. »

Les responsables des Inséparables pointent du doigt la raréfaction de l’argent public. Notamment, celui distribué par le conseil général du Nord et la Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (CARSAT). Une situation d’autant plus paradoxale que, selon Jean-Pierre Thooft : « Le département du Nord a d’énormes besoins, 466 000 personnes âgées de plus de 60 ans sont en situation de fragilité économique et sanitaire. Le taux de dépendance, 10,6 %, est supérieur à la moyenne nationale. » La solution ? Les associations verraient d’un bon œil une réduction de la part des charges et des taxes sur les salaires. Un sujet qui sera très probablement abordé lors de la table ronde organisée par les Inséparables le 23 mai.

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